LA RÉUTILISATION DES SEPULTURES MEGALITHIQUES
DES GARRIGUES DE L'HÉRAULT
À LA FIN DU BRONZE FINAL
ET AU PREMIER ÂGE DU FER
Au cours de la période finale du Bronze Final et durant le Premier Age du Fer, les habitants des Garrigues du Languedoc oriental ont apporté à leurs problèmes funéraires des réponses diverses. Deux solutions ont été concurremment mises en œuvre : d'une part, et dans la majorité des cas, la construction d'un édifice spécifique; d'autre part, la réutilisation de monuments funéraires plus anciens ou de lieux précédemment utilisés à des fins sépulcrales.
Le premier modèle est le plus fréquent et, d'une façon générale, le mieux connu. Dans l'ensemble du Languedoc oriental, il est essentiellement représenté par les tombes sous « tumulus »(1) et, dans une mesure beaucoup plus restreinte et pour une zone très limitée (plateau du Pic Saint-Loup), par certaines sépultures du groupe des « tombes ovales » (2) (Truc des Sauzes à Viols-le-Fort et Croix-de-Valène aux Matelles)(3).
Il n'en va pas de même des cas de réutilisation de lieux précédemment utilisés (grottes) ou de monuments construits antérieurement (tombes ovales, coffres, dolmens) à des fins funéraires. Les dépôts sépulcraux en grotte, au Bronze Final III et au Premier Age du Fer dans la région, n'ont encore jamais donné lieu à des observations précises et, si on est à peu près sûr que des grottes ont été réutilisées alors, on ne peut encore préciser les modalités ni l'organisation de la tombe, ou des tombes nouvelles (4). Certaines tombes ovales de la région du Pic Saint-Loup ont pu avoir été élevées, d'après le matériel qu'elles ont livré, au Bronze Moyen (Cazarils 1 et 2 à Viols-le-Fort) ou au Bronze Final II (Truc de Combepleine à Argelliers) et réoccupées ensuite au début du Premier Age du Fer (5), mais les données concernant la
(1) La récente thèse d'Y. Gasco, Les tumulus du premier Age du Fer en Languedoc oriental, 3 vol., Montpellier, 1978 (dactylographié), fait le point sur la question. On trouvera un aperçu synthétique de ce type de sépulture et des mobiliers, et un examen des problèmes culturels posés dans B. Dedet, Les tombes du Languedoc oriental au Ier Age du Fer dans leur contexte culturel : acquis et problèmes, dans R.A.N., XII, 1979, p. 9-42 (avec bibliographie concernant chaque tombe ou groupe de tombes). Par ailleurs la thèse en voie d'achèvement de J. Vallon sur les sépultures du Plateau du Pic-Saint-Loup enrichira notablement la documentation déjà publiée concernant les tumulus et les tombes ovales.
(2) Les « tombes ovales » sont formées d'une chambre de plan ovale de 3 à 4 m sur le grand axe et 1 ,5 à 3 m sur le petit axe, construite en pierre sèche avec ouverture vers le Nord-Ouest. Aucune donnée n'est actuellement connue concernant le mode de couverture (dalles, fausse voûte en pierre sèche ou branchage?); l'ensemble est noyé sous un tas de pierre. Actuellement 13 tombes ovales sont connues ou repérées dans la région sur le plateau du Pic Saint- Loup : Truc de Combepleine à Argelliers, Cazarils 1 et 2, Truc des Sauzes et Truc de Marti I à 8 à Viols-le-Fort, Croix de Valène aux Matelles. Chronologie de ces monuments et rituel funéraire sont très mal connus. Certaines tombes semblent avoir été élevées au Bronze Moyen ou au Bronze Final II et réutilisées ensuite; d'autres ont dû être bâties au Bronze Final III ou au Premier Age du Fer. Les recherches en cours de M. Gourdoux sur la nécropole du Truc de Marti seront certainement riches en enseignements. Sur ce type de tombe voir C.R.A. Chênes- Verts, La stèle-statue de Cazarils: description de quatre sépultures ovales des environs de Viols-le-Fort (Hérault), dans Rev. Et. Ligures, XXV, 3-4, 1959, p. 196-207.
(3) Truc de Sauzes : C.R.A. Chênes-Verts, La stèle-statue, op. cit., p. 203-204; Croix-de-Valène *. M. Soulier et J. Vallon, La tombe de la Croix-de-Valène (commune des Matelles, Hérault), dans Bull, trimestriel de la Fédération Archéologique de l'Hérault; 1980, 4, p. 14-15.
(4) Par exemple la grotte n° 1 du Ravin de Rouvignoux à Montpeyroux, cf. R.P. Charles, Les sujets néolithiques de la Grotte I du Ravin de Rouvignoux, commune de Montpeyroux (Hérault), dans Cah. Lig. de Préhist. et d'Archéoi, 19, 1970, p. 119-148 et notamment p. 121-124. Dans d'autres cas aussi c'est un habitat en grotte qui est réutilisé : par exemple la grotte n° 1 de Saugras à Argelliers (cf. J. Audibert, Quelques vestiges du Ier Age du Fer dans les environs de Montpellier, dans Cah. Lig. de Préhist. et d'Archéoi., 3, 1954, p. 106.
(5) C.R.A. Chênes-verts, La stèle-statue..., op. cit., p. 196-207.
